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Neoseiulus californicus, acarien prédateur

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Spectre d’efficacité et cultures envisageables

Proies : Neoseiulus californicus mange des acariens phytophages tels que le tétra­nyque tisserand (Tetranychus urticae), l’acar­ien rouge du pommier (Panonychus ulmi), le tarsonème commun (Steneotarsonemus pallidus), le tarsonème des serres ou du cotonnier (Polyphagotarsonemus latus), ainsi que quelquefois des thrips et du pollen pour survivre. Mais il peut jeuner pendant plusieurs semaines. Avec ce régime, il peut s’installer précocement dans les cultures, avant le développement des tétranyques, auxquels il s’attaque à tous les stades (œufs, larves, nymphes, adultes), surtout aux pontes et stades immatures.

Principales cultures concernées : N. californicus a été décrit pour la première fois en 1954 sur des citronniers en Californie sous le nom de Typhlodromus californicus (on appelle encore les acariens prédateurs de la famille des Phytoseiides des typhlodromes dans le langage vernaculaire). Cet auxiliaire est spontané dans les régions méridionales, notamment en Provence. Ailleurs dans le monde, il vit en Californie, au Texas, en Floride, au Chili, en Argentine, au Japon et en Afrique du Sud, ainsi que dans le sud de l’Europe. Il colonise naturellement des plantes basses, des arbustes et des arbres. Cet acarien est commercialisé depuis 1985 pour le biocontrôle des tétranyques et des tarsonèmes en cultures ornementales ou légumières, notamment sous abris tempérés à chauds.

Comportement et efficacité  : la voracité des acariens Phytoseiides est généralement plus faible que celle d’un insecte prédateur, mais elle est compensée par un nombre plus important d’individus et de générations qui se chevauchent. Ces auxiliaires ont une capacité de croissance des populations très élevée, nettement supérieure à celle des ravageurs, une aptitude à survivre en l’absence de proies, ainsi qu’un gros potentiel de dispersion. De plus, leur activité correspond bien à celle de leurs proies. N. californicus, lui, n’intervient que sur des infestations de tétra­nyques déjà déclarées. Mais on peut le lâcher sur les cultures de façon préventive ou dès la détection des premiers acariens nuisibles. Par rapport à d’autres Phytoseiides, c’est un acarien rustique qui a l’avantage de mieux tolérer les faibles hygrométries et d’être plus actif à des températures élevées. Il peut même continuer à se développer à 38 °C, mais ne pond plus à partir de 40 °C. Son action est très utile pour limiter les pullulations de tétranyques, à l’origine d’acarioses sur les plantes, particulièrement l’été, par temps chaud et sec, en l’absence de moyens de régulation. Son niveau de reproduction, son importante mobilité sur la plante hôte et sa prédation d’acariens phytophages (un adulte peut manger chaque jour cinq tétranyques adultes ), lui confèrent un potentiel d’efficacité remarquable pour le biocontrôle des Tetranychus (T. urticae, T. cinnabarinus…) et des Panonychus (P. ulmi, P. citri…). Pour mieux localiser ses proies, N. californicus peut détecter les substances vola­tiles émises par les vé­gétaux attaqués par les acariens phytophages comme signal de présence. En cultures ornementales, on l’utilise avec succès en floriculture ou en pépinière ligneuse, sous abri comme en plein air, par exemple sur des agrumes, l’épicéa, Chamaecyparis, le dahlia, le cycla­men, le datura, le fusain du Japon, l’hor­tensia, le fuchsia, l’oranger du Mexique, le rosier ou la sauge. Son seuil thermique minimal se situe autour de 10 °C et son seuil hygrométrique a des valeurs inférieures à 70 %, entraînant une augmentation de la mortalité des œufs à mesure que l’humidité diminue.

Toxicité de substances actives : N. californicus est généralement moins sensible aux résidus de pesticides que les autres acariens prédateurs Phytoseiides. Il peut s’établir plus vite que Phytoseiulus persimilis, par exemple, dans les situations où des traitements toxiques ont été effectués. Certains insecticides et/ou acari­cides­ (tels que : aba­mectine, azadirachtine, fé­naza­quin, fenpyroximate, huile blanche paraffinique, lambda-cyhalothrine, pyriproxyfène, spirodiclofen, tébufenpyrad…) lui sont nocifs, voire fatals.

Cycle, conditions de développement

Morphologie

- Adulte : il a huit pattes, un corps pyri­forme blanc orangé, blanc rosé ou jaune, de 0,4 mm de long.

- Œuf : ovale, translucide à blanc.

- Larve : six pattes, corps translucide.

- Nymphes : huit pattes, blanches, de taille intermédiaire entre larves et adultes.

Observation : comme d’autres Phyto­sei­ides, N. californicus est reconnaissable sur le terrain à l’aide d’une loupe de poche grossissant huit à dix fois. On l’observe principalement sur la face inférieure des feuilles, le long des nervures principales, ce qui lui permet d’échapper aux UV. On remarque d’emblée son corps en forme de poire et son importante mobilité aux stades adulte, nymphal et larvaire, mais il reste parfois immobile. L’identification spécifique est seulement réalisable sous loupe binoculaire. Durant l’hiver, on peut le trouver sous les écailles des bourgeons, dans les écorces, sous les pierres, sur la flore spontanée ou parmi les formes hivernantes d’acariens phytophages.

Cycle biologique : le cycle de dévelop­pement complet comprend cinq stades : œuf, larve, protonymphe, deutonymphe, mâle et femelle adultes. Dans la nature, il existe des souches de N. californicus en diapause et d’autres qui ne le sont pas, en fonction de­ la rigueur hivernale de la zone clima­tique. L’hivernation à l’état d’adulte femelle a lieu dans la végétation herbacée des cultures ligneuses (pépinières, plantations des jardins et espaces verts, vergers, vignes) ou de leur environnement immédiat. Les souches de N. californicus commercialisées pour la lutte biologique n’entrent pas en diapause. Une femelle peut pondre entre 40 et 60 œufs au total, à raison de deux à quatre par jour, mais la ponte dépend de la température et de la présence de proies. Quand il y en a peu, le nombre d’œufs baisse légèrement. Chacun d’eux est collé par une substance adhésive à son support (sommet des poils de la feuille, toile des tétranyques, cavités à l’intersection des nervures foliaires ou sur le limbe). Celui-ci éclôt en un et demi à quatre jours. La larve­ hexapode ne se nourrit pas ou mange­ des œufs de tétra­nyques, puis les nymphes octopodes qui suivent consomment des œufs ou des formes­ mobiles. Dans de nombreux cas, la couleur de la nourriture ingérée est vi­sible au travers du tégument corporel et apparaît sur le dos sous la forme d’un X. Quand les proies manquent durant plusieurs jours, ces auxiliaires s’amincissent et prennent une couleur transparente uni­forme. La durée de développement peut être de quatre à douze jours selon les températures, mais elle est plus courte aux alentours de 30-32 °C, le passage du stade de l’œuf à celui de l’adulte ne prenant que trois ou quatre jours, contre quatre à six habituellement.

Conditions d’utilisation : une humidité relative­ importante (80 %) est d’ordinaire favorable au développement des œufs et des stades immatures, mais une humidité saturante ou une immersion, même de quelques heures, est généralement fatale aux premiers. Ceci explique pourquoi la femelle dissimule souvent ses œufs. La fourchette de températures ad hoc se situe entre 10 et 33 °C, avec un optimum vers 25 °C. Neoseiulus californicus est vendu seul, mais il peut être associé à d’autres auxiliaires pour le biocontrôle des ravageurs, par exemple en serre avec Amblyseius swirskii, qui est un autre acarien Phytoseiide­, un choix particulièrement judicieux lorsque se présente un risque d’attaque d’aleurodes.

Jérôme Jullien

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